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Les produits Ethiquables

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Ethiquable est une coopérative belge créée en 2009 afin de promouvoir et vendre des produits équitables au Benelux. Elle a récemment étendu son marché en Scandinavie. Cette coopérative est soutenue par la coopérative de même nom située en France, mais elle fonctionne avec ses propres fonds. Elle compte au total 5 cinq employés et a réussi à presque tripler son chiffre d’affaires entre 2009 et à présent.

Tout nouveau produit commercialisé par Ethiquable doit remplir deux conditions pour être accepté dans l'assortiment ; être bio et être fair trade (peu importe le label choisi ; Max Havelaar, SPP (Symbole Producteurs Paysans), EcoCert, …). C’est aux agriculteurs de suivre les cahiers de charge spécifiques au label qu’ils ont choisi. Ethiquable essaye également de valoriser le savoir faire local et la valorisation du patrimoine génétique qui contribue à augmenter considérablement la résistance des cultures aux différents parasites. Ce type d’agriculture, bien qu’apportant de moins grands rendements qu’avec les cultures intensives, fournit des produits agricoles de très bonne qualité. Ce dernier critère a donc été choisi car il est considéré comme la clé du développement durable promu par Ethiquable.

 

Pourquoi une coopérative et non une Société Anonyme ?

L’avantage d’une coopérative est qu’elle replace l’humain au centre du fonctionnement de la société en favorisant non pas le capital, mais le travail. Ce sont les travailleurs qui possèdent la société et une partie des bénéfices réalisés par la société retourne à ces mêmes travailleurs. Une autre partie du bénéfice peut être distribuée aux actionnaires sous forme de dividende à concurrence d'un maximum de 6% de la valeur des parts investies. La distribution des bénéfices aux travailleurs et des dividendes aux actionnaires est décidée lors de l'assemblée générale ordinaire. Le reste des bénéfices reste dans la société afin d'augmenter ses fonds propres pour permettre des investissements futurs. De plus, afin de garder un certain contrôle sur le capital de la société, les parts ne sont pas anonymes et l'acceptation des coopérateurs reste du ressort de l'Assemblée Générale.

 

Clé de la réussite d’une coopérative

Même si le système de coopérative semble idéal d’un point de vue humain, il faut cependant veiller à son bon fonctionnement. Comme dans toutes entreprises, le bon fonctionnement d’une coopérative dépend fortement du manager. Les points auxquels il faut veiller le plus sont :

  • Bien définir les différents statuts : comment sont redistribués les bénéfices de la coopérative, quels sont les critères pour accepter les producteurs dans la coopération (ex. bio ou non), quels sont les droits des employés, etc.
  • Avoir une bonne vision de la gestion en général : compréhension du marché international, importance de la diversification, gestion des stocks, de la trésorerie, suivi clients, etc.

À nouveau, ici, le rôle de l’information est crucial pour que les agriculteurs dits du Sud puissent bien comprendre tous les mécanismes du marché qui sont en jeu. Cependant, le rôle d’Ethiquable est d’offrir une structure de commercialisation, ou encore un marché, aux agriculteurs, non de les former/informer. L’aspect information/formation est quant à lui assuré par les ONG présentes sur place et collaborant avec Ethiquable (ex. AVSF (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières)).

 

Et la diversification des cultures dans tout ça ?

Une des critiques généralement faites au commerce équitable est qu’il incite les agriculteurs à produire des aliments destinés à l’exportation au risque de délaisser leurs cultures de subsistance. Cependant, le problème est plus complexe que cela. En effet, une culture d’exportation (cacao, café, sucre) n’empêche pas les cultures vivrières de se mettre en place.

De plus, les cultures d’exportation apportent à l’agriculteur un revenu supérieur à celui offert par ses cultures vivrières. Comment pourrions-nous les obliger, dès lors, à rester uniquement dans un système de cultures vivrières alors que nous-même ne sommes pas forcés de cultiver un potager avant de toucher notre salaire mensuel ? Pourquoi devraient-ils à tout prix garder leurs cultures de subsistance et non d’exportation parce que nous jugeons que cela est mieux pour eux ?

Si les agriculteurs sont bien informés, ils auront vite compris qu’il ne faut pas mettre tous leurs œufs dans le même panier et cultiveront donc à la fois des cultures d’exportation (pour augmenter leurs revenus et payer la scolarité de leurs enfants par exemple) et des cultures vivrières (pour leur nourriture quotidienne). Ce point montre à nouveau l’importance de l’information et de la formation des paysans sur les différents aspects de l’agriculture (diversification, …) et de la commercialisation pour qu’ils aient en main les clés pour une prise de décision judicieuse.

 

Le cas particulier du quinoa

Il est important de noter que ce qui a été dit précédemment n’est valable a priori que pour les produits qui sont destinés quasi exclusivement à l’exportation (ex. café) ou consommés localement mais disponibles en suffisance (ex. pomme de terre). Le quinoa présente la particularité d’être une culture ancestrale typique des Andes, et pratiquement pas cultivée ailleurs. L’engouement des consommateurs européens et américains pour le quinoa ces dernières années peut créer un déséquilibre au niveau des populations locales qui n’arrivent plus à honorer les commandes en raison de l’offre réduite par rapport à la demande. Elles peuvent donc avoir tendance à délaisser ce produit (très sain par ailleurs) pour leur consommation privée et privilégier les ventes à l’exportation. Cette denrée devient donc progressivement une culture de rente qui peut faire concurrence à la consommation locale et peut nuire à la souveraineté alimentaire des populations qui la cultivent. En revanche, le prix obtenu actuellement par les producteurs de quinoa couvre très largement leur coûts de production et leur permet d’accroître sensiblement leurs revenus. 

 

jus_ethiquable

 

Proposition du jour :

Jus pomme bio (70%) – mangue/mûres équitables (30%) ; un régal ! :)

 

 

 

 

 

À réfléchir/améliorer

« On ne travaille pas l’estomac vide » (concept de permaculture)

Que ce soit en culture de rente ou culture locale, les situations rencontrées sont complexes et propres à chaque région. Elles doivent donc être analysée avec nuance, en pleine connaissance des risques et des réalités locales, et en pondérant les effets négatifs et positifs de chaque filière et de chaque canal de commercialisation. 

Même bien informés, il se peut que les agriculteurs ne fassent pas un choix durable pour leurs cultures. L’extrême pauvreté régnant dans certaines régions poussera certains agriculteurs à choisir une option qui leur procura de l’argent immédiatement au risque de perdre leurs terres et cultures dans le futur. Avoir conscience de cet aspect permet de mieux guider les décisions des agriculteurs et d’intervenir de manière judicieuse sur les structures du marché qui agissent dans ces régions.

 

Lien du site d’Ethiquable (et idées de recettes bio et équitables): http://www.ethiquable.coop/

 

Article rédigé suite à la rencontre avec Vincent De Grelle, Administrateur délégué, co-fondateur d'Ethiquable Bénélux

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